La Philosophie de l'impôt ou le "syndrome de Robin des Bois"
Alors que
tous les contribuables français (soit 40 à 45% des citoyens français) attendent,
avec une certaine appréhension, la mise en place du prélèvement à la source, et
que les prélèvements obligatoires battent tous les records (50 % du PIB ) il
convient de remettre entièrement à plat les principes de la fiscalité.
C’était et
ça reste avec la réduction des dépenses, la seule vrai réforme des finances
publiques qu’il fallait mettre en œuvre. Une nouvelle fois, le président de la
République est passé à côté.
S'interroger
sur les fonctions légitimes des impôts, leur volume souhaitable, leur juste
répartition, enfin le type même de société que chaque conception de l'impôt
tout à la fois reflète et engendre, ce sont les questions que pose Philippe
Nemo. Réflexions devenues rares en France depuis les lendemains de la Seconde
Guerre mondiale, où ont paru triompher, avec l'accord de la plupart des partis
politiques, les principes fiscaux inspirés par le socialisme marxiste ou
modéré, le solidarisme et le keynésianisme. Une telle démarche ne prend tout
son sens que si l'on dépasse le point de vue technique du juriste fiscaliste ou
de l'économiste. En effet, la fiscalité n'est pas un phénomène autonome, mais
un rouage de la vie politique, économique et sociale. A ce titre, les idées
qu'on se fait à son sujet dépendent de celles qu'on se fait de l'Etat, de la
société, de l'économie, et même de la nature humaine et de la liberté. D'où la
nécessité d'une Philosophie de l'impôt.
Remarquable
historien des idées politiques, Philippe
Nemo remonte
aux sources de l’impôt. Il explique pourquoi on trouvera toujours pour
considérer que prendre aux « riches » est nécessaire, juste et utile
au bien commun. Ce « syndrome de Robin des Bois » atteint
certains par conviction (ils sont peu), d’autres par intérêt (car ils font
partie de ceux qui en bénéficient), d’autres, enfin, par jalousie, une sorte de
sanction de la réussite financière (groupe qui rassemble le plus grand nombre).
Comme le souligne Thierry Godefridi (Contrepoint),
le danger, dans une démocratie où
règne le suffrage universel, réside dans ce que des gens votent des impôts
qu’ils ne paient pas et se partagent les impôts qu’ils font payer à d’autre d’une
part, et dans ce que la confiscation aboutit à une intrusion telle dans la vie
privée de tout un chacun que le tissu économique de la société entière se
nécrose, au détriment de tous à l’exception de la classe politique dirigeante,
d’autre part.
Sous prétexte
de réduire les inégalités, on use de l’impôt pour confisquer une partie des
revenus des plus riches au-delà de ce que la solidarité nationale exige. Pour en
arriver là, on diminue les libertés individuelles, on dénigre la méritocratie.